Geoffroy, lord de Love Hall est inconsolable depuis la disparition accidentelle de sa jeune sœur. Bien des années après le drame, il est l’héritier non marié de l’immense fortune de sa famille qui le presse à produire lui-même un héritier, ce pour quoi il ne ressent aucune motivation. Il semble que c’est le destin qui, juste avant son mariage, place sur sa route un bébé abandonné, que Geoffroy recueille et sur lequel il déverse tout l’amour qu’il porte à sa défunte sœur. Le bébé, forcément une fille dans l’esprit de Geoffroy, devient immédiatement la prunelle de ses yeux. Lorsque les membres de la maisonnée le découvrent, ils décident de ne pas révéler au père adoptif que son enfant est, selon eux, un garçon. Et c’est ainsi que la petite Rose grandit dans les couloirs sans fin de Love Hall.
La première fois que j’ai découvert ce livre, par hasard dans une librairie, j’ai tout de suite été attirée par sa couverture, puis par son pitch qui plaçait un personnage à l’identité de genre trouble dans un roman historique. J’ai fait quelques recherches sur l’auteur pour savoir s’il était lui-même concerné par les questions de genre, car je préfère privilégier les récits de première main, mais en vain. Et puis je suis retombée sur ce roman d’occasion, et j’ai décidé de le tenter. Les premières pages m’ont paru un peu longues car on est plongé dans le Londres de la fin du 18e siècle comme si on lisait un classique de l’époque victorienne. Ce qui est un des mérites du livre, mais pas forcément quelque chose qui m’attire, surtout sur 600 pages. Et puis on découvre Love Hall, les machinations de la maisonnée et l’enfance d’abord idyllique de Rose. Je me suis laissée entraîner dans cette histoire qui attisait franchement ma curiosité, car planait la question de la manière dont l’identité de genre de Rose allait se développer. Finalement, j’ai trouvé cet aspect de l’histoire particulièrement satisfaisant. Certes, je ne suis pas concernée par la question de la transidentité, donc il vaut mieux ne pas prendre mon avis pour argent comptant. Mais j’ai trouvé que l’auteur maniait le sujet avec sensibilité, et trouvait un équilibre très juste entre les mentalités de l’époque et la transgression amenée par le personnage. Rose passe évidemment par des épisodes de détresse et de dysphorie de genre intenses, mais le récit fait aussi place à ses succès et ses joies afin d’éviter tout misérabilisme. Sans divulguer l’évolution du récit, je dirais que ce roman n’est pas une tragédie mais se termine sur un élan d’optimisme.
Côté arrière-plan, j’ai apprécié la description historique faite de Londres et de sa campagne, et notamment de l’importance capitale de l’imprimerie et des chansons au sein de la société. L’auteur a clairement mené ses recherches, et inclut d’ailleurs une bibliographie à la fin de l’ouvrage (qui inclut un livre qui m’intrigue, “Autobiography of an Androgyne” de Ralph Werther, première autobiographie d’une personne transgenre publiée aux Etats-Unis en 1918!).
L’Infortunée n’est pas un roman parfait. Quelques détails m’ont fait grincer des dents (notamment une scène de s3xe importante pour le récit mais qui ne faisait aucun sens), mais je trouve que dans l’ensemble c’est un roman original et qui a l’immense bénéfice de rappeler que les personnes ne se conformant pas à la binarité de genre ont toujours existé.
Friends, reading Shakespeare is no joke. It’s been a while since I last tried, and I’d hoped to do better, but I think I understood about half of that play. Thankfully I already knew most of the plot. It’s not so much a question of vocabulary as one of syntax. I was glad, though, to encounter here and there famous quotes that were now in context.
I won’t stop trying to read Shakespeare, especially since next year I’m going to see The Tempest at the theatre and even though it’ll be in French, I want to reacquaint myself with the original (it’s been years since I first read it).
Tao is a fortune teller. She roams the kingdom with her faithful mule and cart and stops in villages to read tea leaves and palms. For a small fee she tells people about insignificant events that may or may not turn out to be important. Tao doesn’t deal in grand schemes and destiny-smattering omens. Those can often do more harm than good and may have been the reason why she fled her home in the first place. Tao is happy keeping her own company. Or is she ? When she finds unlikely travelling companions, life becomes that little bit sweeter, and burdens can be shared, even if that means confronting the reason why Tao is on the run.
This cosy fantasy novel is really lovely. It does tackle difficult themes like racism, but in a gentle manner. The cast of characters is very cute and the way the travellers become their own kind of family is very endearing to witness. This is very light fantasy, so you won’t get a ton of world-building and some elements will require you don’t look too closely, but I have absolutely no problem with that when the focus of the story is on feelings, specifically belonging and opening yourself to new possibilities. The narrative moves on at a steady pace, with an underlying tension that is alleviated by much baking and friendly chats. And a cat, of course. One chapter felt a little disjointed from the rest, but it was fun and let the characters demonstrate the full range of their personalities so I’m not mad about it.
I’ll just say the ending (for which the author all narrative arcs were tied with a neat bow) left me a little frustrated on Tao’s part, but that is spoiler territory so I won’t go into more details.
Rep: MC of Asian-inspired ancestry, who is also aro-ace coded. Hints of queer characters in a world that isn’t queer-friendly for the most part.
Viv has had enough of her career as a mercenary. She’s quite ready to spend more than a few days in the same place and live rather than survive. So when she buys an abandoned building in Thune and starts refurbishing it with the help of a friend, it all feels right. But are townspeople ready to accept her? After all, she’s an orc, a species not often found behind a counter. And what on earth is *coffee* anyway?
This book, which helped define cosy fantasy, is perfect. That’s it, thank you for reading my review.
To expand a little, I’d say there is a particular pleasure in a book that’s doing exactly what it sets out to do. This one is advertised on the cover as “High Fantasy. Low Stakes. Good Company”, as that’s exactly what you get inside, nothing less. This is the book to turn to when you need the literary equivalent to holding a cup filled with a warm beverage between your hands, maybe not as emotionally intense as some of Becky Chambers’ books can be but playing in the same category. I can see myself re-reading this one over the years to come, and I’m looking very much forward to the author’s other book, Bookshops & Bonedust.
J’ai essayé de rédiger un petit synopsis pour ce roman, comme je fais à chaque critique, mais je bloque. C’est en partie dû au fait que l’histoire est relativement secondaire, ou en tout cas que j’ai été séduite avant tout par la plume de l’auteur. Une autre raison est que l’histoire se développe beaucoup dans les non-dits ou dans les choses indicibles, dans les interstices entre ce que disent les différents personnages que l’on suit.
Ce roman parle de beauté, de désir, de chute, de mémoire. Il parle de ce qui est trop difficile à formuler mais que l’on ressent peut-être d’autant plus fort.
Au cœur du récit, l’arrivée de L’Or Ailé, prophétisé depuis des siècles à travers les différents royaumes. C’est tout près d’Œtrange qu’il chute, et la reine se presse à sa rencontre, suivie de toute une délégation. Puis vient le temps d’accueillir cet ange à la beauté trop lumineuse pour ce monde, et de lui trouver un Laquais, celui ou celle qui l’assistera, le guidera et sera lié à jamais à L’Or Ailé par un amour qui le ou la transcendera.
Dans les premiers chapitres, j’ai été terrassée par la beauté de la prose. Elle n’est pas particulièrement complexe, avec de grandes envolées lyriques, mais elle est profondément poétique. L’auteur ne cesse de dire sans montrer tout à fait, de déployer des scènes de toute beauté sans que l’on puisse vraiment les toucher du doigt. Il y a certes une ou deux longueurs, mais la fin m’a paru trop courte car je ne voulais pas que ce livre se termine, ce qui est toujours bon signe.
Diamants est un roman qui ne ressemble à aucun autre, qui pourrait être un lointain cousin de Laurent Gaudé et d’une version âgée (je dis ça avec amour) et minimaliste de La Mer sans étoiles.
Dimos est journaliste dans un empire avide de conquêtes et de capitalisme. Quand son rédacteur en chef l’envoie en reportage sur le front, il s’attend à assumer la charge de reporter de guerre, mais pas à se retrouver du côté de l’ennemi, et encore moins à apprendre à la connaître. Or, à Hron, dans le pays de fantômes, il découvre qu’une autre manière de vivre en communauté est possible.
Ce roman est souvent comparé à Ursula Le Guin, et j’ai trouvé qu’il n’avait pas à en rougir. Sous des dehors de fantasy, on découvre en réalité une version alternative du début du 19ème siècle sans la moindre once de magie mais pétrie d’une profonde réflexion politique. Certains romans auraient pu être un essai (Eutopia, je te regarde), et Un Pays de Fantômes entre presque dans cette catégorie, mais les convictions de l’autrice ne sont pas martelées et surtout, le personnage principal n’est pas qu’un observateur qui se veut objectif. En tout cas, il ne reste pas.
Le système politique que Dimos découvre est exploré relativement rapidement, dans ses bienfaits comme dans ses travers ou ses limites, et ne prend jamais le pas sur le récit. Philosophiquement, j’ai trouvé ce roman passionnant, mais presque trop court. J’aurais aimé plus de détails, plus de temps passé auprès de ces “fantômes” pour explorer encore plus les possibilités de l’anarchie. Mais je pense aussi que la concision du livre fait sa force, et que cela le rend encore plus facile à faire circuler et à faire lire autour de nous.
An anthology of SFFF diverse YA short stories by well-loved authors? Don’t say more, I’m in. But maybe you need more reasons to commit? In this collection you’ll find a wide range of genres and mostly a whole lot of transgression. Teenagers being teenagers, defying rules imposed on them by society, gender expectations or magic. A thief harvesting power for the biggest wish that has ever been wished, contestants choosing each other rather than the prize, a trans retelling of Cinderella, a botanist desperate to preserve ancestral knowledge, more thiefs, more dreams, more wishes , and a few heartbreaks for good measure . I genuinely enjoyed every story of this anthology. Some more than others, of course, but they all had much to love, and they are absolutely fueling my desire to get back to the writing board.
Rep: a bunch of queer (mostly gay & trans) and diverse (mostly brown & black) characters.
Entre la France du 19e siècle, les Etats-Unis du 20e et l’Afghanistan du 21e, des hommes et des femmes se battent pour assurer l’éducation des jeunes générations.
Cette bande-dessinée subjugue d’abord par la beauté de ses planches, en particulier dans la première section où la neige envahit la page et dessine les paysages en négatif. Ce sont ensuite des tons de bruns et de gris qui prennent le relais pour mieux dépeindre les étendues arides des Etats-Unis et les reliefs de l’Afghanistan. Si la graphie m’a un peu dérangée et a parfois heurté ma progression, j’ai apprécié le travail de témoignage de l’auteur qui rend hommage, à travers ses personnages fictionnels, à de nombreux anonymes qui ont défendu l’éducation contre l’obscurantisme de tous bords, souvent au prix de leur vie. J’avoue avoir manqué de connaissances basiques en géopolitique pour apprécier jusqu’au bout les implications des combats menés par ces héroïnes et héros. Cependant leurs parcours, à travers toutes ces temporalités qui se croisent, sont profondément universels. Je craignais le topos du sauveur blanc lors d’une des sections de l’histoire, mais pour autant que je puisse en juger, l’écueil est évité.
Laura Willowes is in her later twenties and still not married. In turn-of-the-century vocabulary, that makes her at the disposal of her family, going from her father’s tutelage to her brother’s when the father dies. From her family estate in the countryside she finds herself in the spare room of a rich London house where she basically becomes her nieces’ “Aunt Lolly” full-time nanny. But that’s not what Laura wants from life. She doesn’t exactly knows what that is, but after years and years of complying to society’s expectations of a spinster she’s had enough and picks a small village far from London to live there, discover who she is when not surrounded with well-meaning but stifling relatives, and who knows, maybe become a witch.
As Alison Lurie notes in her introduction to Lolly Willowes, Sylvia Townsend Warner advocates for women to be given space three years before Virginia Woolf’s “A Room of One's Own”. Not that it’s a race, of course, but it’s a good way to put this book back in its context. I thought Lolly Willowes was a delightful classic, and I don’t often say that. Sure, there is zero talk about Laura’s privilege as an upper-class woman, but there is still a strong feminist vibe, delightful irony and a main character that refuses to fit in the box society in general and her family in particular have decided to put her in. It is also very atmospheric and perfect for autumn with its descriptions of the quaint English village Laura settles in when she’s tired of London. Despite not being overtly queer, Laura’s total disinterest in marriage and men in general made me read her as aro/ace, and the book never told me otherwise. Add to that a sprinkle of witches, and here’s a lovely short read for the autumn season.
Mirella est porteuse d’eau à Hamelin. Tout le jour, elle trimballe ses seaux depuis la rivière vers les habitants ingrats, jusqu’au jour où la peste entre dans la ville.
Cette réécriture férocement féministe du Joueur de flûte de Hamelin est tout à fait horrifique et n’épargne pas son lectorat. Avis aux adolescent.e.s qui aiment frissonner ! J’ai été charmée par la plume joueuse et intrépide de Flore Vesco, qui se fait délicieusement archaïque pour mieux nous plonger dans l’atmosphère de ce petit bourg du 13ème siècle. Les rebondissements et les faux-semblants sont nombreux, mais l’action ne va pas trop vite et laisse le temps de s’imprégner de la tension qui règne dans Hamelin à mesure que la peste progresse. L’autrice fait planer une atmosphère de malaise un peu poisseux, dans laquelle Mirella jette une belle lumière. Elle est déterminée et altruiste, mais montre également parfois un petit côté sombre qui n’a pas été pour me déplaire.